Un vieil adage veut qu’on se rende compte de la valeur de ce que l’on détenait qu’une fois qu’on l’a perdu. On peut se demander si Artturi Lehkonen a été reconnu à sa juste valeur au cours des six saisons qu’il a passées à Montréal.
Nul doute, Kent Hughes savait très bien ce qu’il perdait lorsqu’il a échangé le Finlandais à l’Avalanche, le 21 mars dernier. Dans le cas contraire, il n’aurait pas exigé un jeune espoir prometteur (Justin Barron) et un choix de deuxième tour (en 2024) en retour de ses services.
N’empêche, le départ de Lehkonen, qui affronte mercredi son ancienne formation pour la première fois depuis la transaction, a laissé un vide plus grand qu’on aurait pu l’imaginer dans le vestiaire du Canadien. Bien qu’il ne l’ait eu sous ses ordres qu’environ six semaines, Martin St-Louis a eu le temps de bien saisir que la contribution de Lehkonen allait au-delà de celle qu’il offrait sur la patinoire.
« Je l’ai coaché assez longtemps pour reconnaître l’importance d’un joueur comme lui au sein d’une équipe, a indiqué l’entraîneur-chef du Canadien. Ces gars-là, tu peux les insérer n’importe où dans ta formation. Ils peuvent jouer en désavantage numérique, sur l’attaque massive. C’est un type de joueur difficile à trouver et difficile à remplacer. »
D’ailleurs, après avoir réfléchi quelques secondes dans le but de déterminer s’il y avait un joueur de ce genre dans sa formation actuelle, St-Louis a répondu : « Je ne suis pas sûr. »
Le compagnon de trio de rêve
À Montréal, Lehkonen aura d’abord laissé sa marque comme spécialiste de la défense et comme celui qui avait le don de rater des occasions de marquer en or. Jusqu’à ce qu’il propulse le Canadien en finale, le soir de la Saint-Jean-Baptiste 2021, en marquant un but en prolongation.
Un but qui a possiblement révélé un aspect en dormance depuis son arrivée avec le Tricolore à l’automne 2016.
Car, la saison suivante, avec le Tricolore et l’Avalanche, Lehkonen a atteint des sommets personnels avec une récolte de 19 buts et de 38 points. Il a ajouté 14 autres points, dont huit buts, au cours du parcours de 20 matchs éliminatoires ayant mené l’Avalanche à la coupe Stanley.
« Son tir a toujours été sous-estimé, a soutenu Jake Evans, invité par Lehkonen à casser la croûte avec Joel Armia mardi soir. Il savait se placer dans de bonnes situations et faisait la même chose pour ses coéquipiers. D’ailleurs, tous ceux qui ont joué avec lui vous diront que c’était leur compagnon de trio préféré. Il faisait de vous un meilleur joueur. »
Les leçons de Plecky
Lehkonen se plaît au Colorado. Qui ne le serait pas après avoir soulevé la coupe Stanley et signé un contrat de cinq saisons d’une valeur de 4,5 M$ par an ?
Rencontré à quelques heures de l’affrontement, le choix de deuxième tour du Canadien en 2013 a tout de même admis s’ennuyer de la métropole québécoise.
« Montréal me manque assurément. Elle a été très bonne pour moi. J’ai adoré mon temps là-bas. J’y ai passé six années de ma vie. Six ans au cours desquelles j’ai grandi comme être humain », a-t-il mentionné.
On peut le croire. À son arrivée à Montréal, à 21 ans, il venait de quitter l’Europe pour la première fois de sa vie.
« Pleky [Tomas Plekanec] a été un morceau très important de mon évolution. Autant en tant que joueur qu’en tant que personne. J’ai beaucoup appris de lui », a-t-il ajouté.
Lorsqu’on note les similitudes entre les deux joueurs, force est d’admettre que les leçons ont très bien été retenues.