Plus les années passent, plus elles semblent filer à un rythme accéléré. Comme un chien au bout d’une laisse attaché à un poteau. Plus il fait de tours, plus il revient rapidement au point de départ.
C’est ce que Steven Stamkos a réalisé au début du mois. En récoltant son 1000e point dans la LNH, le capitaine du Lightning s’est surpris à penser à quel point ses quinze saisons et 945 rencontres s’étaient succédé à un train d’enfer.
« Ça m’a frappé. Je suis rendu à l’âge que Martin avait quand je suis arrivé dans la ligue », a raconté Stamkos à une poignée de journalistes, dans le vestiaire des visiteurs du Centre Bell.
Martin, vous l’aurez deviné, c’est Martin St-Louis. Celui qui, jusqu’à l’an dernier, menait la colonne des pointeurs de l’histoire du Lightning avec 953 points. Celui qui, à l’âge de 33 ans, a pris la recrue sous son aile.
« Quand j’ai atteint le plateau de 1000 points, il m’a texté. Il m’a rappelé qu’il avait eu une passe sur mon premier but », a déclaré Stamkos, dans un éclat de rire.
Mais l’actuel entraîneur-chef du Canadien a fait beaucoup plus que mettre la table pour le premier but de celui que le Lightning avait sélectionné au tout premier rang du repêchage de 2008.
« Tout le monde sait ce qu’il signifie pour moi. Martin est celui qui m’a montré comment être un pro, comment travailler et combien il fallait mettre d’effort. J’ai été très chanceux d’apprendre ça à un jeune âge. »
Toujours un coup d’avance
De St-Louis, il a probablement également appris à être habité d’une rage de vaincre que même les parcours de golf ou les tables de ping-pong ne pouvaient altérer.
« Ça déteignait sur les gens qui l’entouraient. Ça déteignait sur moi. On était au milieu de ma saison recrue lorsque j’ai commencé à jouer régulièrement sur son trio. Je savais que je devais exceller, car il était très exigeant. Et ça, ça m’a beaucoup aidé. »
Au niveau du jeu, il ne fut pas d’une aide précieuse seulement en lui refilant la rondelle, mais également en lui enseignant un aspect parfois sous-estimé.
« Quand je dresse la liste de mes compagnons de trio, c’est à Kuch (Nikita Kucherov) et lui que je pense immédiatement. Deux gars qui ont toujours un coup d’avance sur l’adversaire. »
« Il est celui qui m’a montré l’importance de savoir où me placer, quoi faire, comment me démarquer quand je n’avais pas la rondelle », a-t-il poursuivi.
Retour d’ascenseur
Voilà une valeur assurément chère aux yeux de St-Louis puisqu’il en fait un cheval de bataille constant auprès de ses jeunes joueurs.
La distribution de fleurs ne s’est pas faite à sens unique. Après l’entraînement matinal du Canadien, St-Louis a lui-même soutenu que son jeune coéquipier de l’époque l’a possiblement aidé à sentir la vieillesse le gagner moins rapidement.
« Je sais que je l’ai aidé, mais en retour, il m’a également beaucoup aidé. Il m’a permis de demeurer utile dans cette ligue, même si je gagnais en âge, a indiqué St-Louis, coéquipier de Stamkos pendant six saisons. J’étais avant tout un passeur, et lui, il était un des meilleurs tireurs de la ligue. »
Ses statistiques ne mentent pas
D’ailleurs, le Lavallois de 47 ans ne s’est dit nullement surpris de voir Stamkos atteindre ce plateau mythique.
« C’est une grande réussite pour lui, car il a dû négocier avec plusieurs blessures. Il est passé à travers et aujourd’hui, il montre à tout le monde qu’il est toujours un excellent joueur dans cette ligue. Ses statistiques ne mentent pas. »
Et ses deux bagues de la coupe Stanley non plus.