Le Tricolore est entré en congé de Noël, hier, sur une fiche de 15-16-3 depuis le début de la présente saison.
Après une amorce de campagne qui en a surpris plusieurs, la troupe de l’entraîneur Martin St-Louis a connu des hauts et des bas au cours des dernières semaines, et s’il y avait, pendant un temps, un vague espoir de se faufiler en séries au terme du calendrier régulier, il apparaît de plus en plus clair que ce ne sera pas le cas.
Même que certains applaudiraient une chute au classement au vu de la qualité des espoirs qui seront disponibles au prochain repêchage, mais ça, c’est un autre débat, légitime cela dit, pour un autre jour.
En attendant, l’amateur positif gardera l’œil sur le projet global, qui est d’assembler une équipe qui pourra éventuellement être dans la lutte pour la coupe Stanley pendant quelques années. Force est d’admettre que depuis le début de cette campagne, il y a eu certains signes que le projet avançait, auxquels il fait bon s’accrocher quand l’équipe perd des matchs comme celui de vendredi soir.
Il y a aussi eu d’authentiques moments de plaisir et de réjouissance avec ce groupe qui, pour l’essentiel, donne tout ce qu’il a, tous les soirs. En voici quelques un, sans ordre particulier :
– Xhekaj envoie un message à toute la ligue
Le nouveau dur à cuire des Canadiens, Arber Xhekaj, faisait déjà parler de lui à Montréal depuis le camp des recrues lorsqu’il a servi une bonne correction à l’attaquant des Coyotes Zack Kassian, en octobre. Mais après qu’il eut passé le robuste attaquant à tabac, c’est toute la ligue qui a appris à connaître l’Ontarien de 21 ans, tout juste sorti des rangs junior. Xhekaj ne sait pas faire que ça : il sait aussi jouer, assez pour tenir son bout dès maintenant avec le grand club, grâce à son calme avec la rondelle et sa faculté à trouver le fond du filet de la ligne bleue, en apparence sans forcer.
C’est tout de même lorsqu’il laisse tomber les gants qu’il saisit l’imaginaire du public. Il en a encore à apprendre, comme l’a démontré son combat contre Nicolas Deslauriers en novembre, mais ce soir d’octobre là, après qu’il eut envoyé valser un Kassian qui avait grandement manqué de respect à l’organisation la saison précédente, ses habiletés pugilistiques valaient de l’or.
«Quelques gars m’ont dit “retourne au Costco”. Kassian me l’a dit une fois. C’était assez drôle», a révélé Xhekaj, récemment, dans un balado avec l’ancien bagarreur du CH Chris Nilan.
– L’automne de Montembeault
Le gardien québécois Samuel Montembeault a fort bien fait, depuis le début de la saison, dans un rôle de substitut à Jake Allen que l’entraîneur Martin St-Louis ne semble pas encore prêt à modifier. Il reste que si le portier de 26 ans continue à s’améliorer tranquillement, mais sûrement, comme il le fait depuis son arrivée avec l’équipe, St-Louis finira peut-être par lui donner encore plus de temps de jeu. En attendant, Montembeault offre régulièrement des performances qui font plaisir aux partisans de l’équipe. Il en a déjà quelques-unes au compteur depuis le début de la saison, mais la plus impressionnante est probablement celle du 27 octobre contre les Sabres à Buffalo. Alors que son équipe ne disputait vraiment pas un grand match, Montembeault a réalisé 43 arrêts contre un club de plus en plus dangereux pour permettre au Tricolore de soutirer une courte victoire de 3-2.
«C’est un bel athlète, il a beaucoup de potentiel», disait récemment à son sujet le réputé entraîneur de gardiens François Allaire.
«Un gardien québécois, il n’y en a plus tellement dans la Ligue nationale, je pense qu’il faut continuer à l’encourager pour faire en sorte qu’il ait une belle carrière et j’espère qu’il va l’avoir à Montréal», avait-il ajouté.
– «Pavel» Suzuki
Nommé capitaine des Canadiens l’été dernier, Nick Suzuki a déjà donné de beaux signes qu’il constitue un choix concluant : même s’il a ralenti depuis une dizaine de rencontres, le patineur de 23 ans a amassé 31 points en 34 matchs en 2022-2023. Suzuki est un bon meneur, un gaillard qui plaît aussi au public et aux médias, mais c’est surtout un sacré bon joueur, capable de passer brillamment la rondelle autant que de marquer avec un tir des poignets vif et précis. Et cette saison, le public a eu le plaisir de découvrir ses habiletés en tirs de barrage (ou de pénalité). À plusieurs reprises, l’Ontarien est venu y marquer des buts importants, en employant notamment une feinte désarmante rappelant ce que faisait souvent l’ancien magicien des Red Wings Pavel Datsyuk. Chaque fois, les gardiens restent pantois devant cette manœuvre du numéro 14 :
«Il était un de mes joueurs préférés, c’est sûr, a avoué Suzuki au sujet du Russe en novembre. J’adorais le voir jouer et regarder tous les jeux spectaculaires dans les matchs qu’il jouait. C’est un des grands et il s’offrait en spectacle.»
– Chapeau Dvorak
Il n’y a eu qu’un seul tour du chapeau réussi par un joueur du CH, jusqu’ici cette saison et non, son auteur n’est pas Cole Caufield, bien que celui-ci y parviendra probablement lui aussi d’ici la fin du calendrier. Non, il a plutôt été l’œuvre de Christian Dvorak, authentique travailleur de l’ombre du Tricolore actuel. L’Américain a calmement, mais sûrement, réussi le triplé le 29 octobre dans une divertissante victoire de 7-4 contre les Blues à St. Louis. À son 367e match dans la LNH.
«J’ai déjà passé proche à quelques reprises, mais ça fait du bien d’enfin briser la glace», avait alors indiqué le taciturne centre de 26 ans.
– Caufield soulève le Centre Bell
Bon, ce titre ne veut pas dire grand-chose : Cole Caufield fait régulièrement bondir de son siège le public montréalais. Au Centre Bell ou à la maison. Mais le 19 novembre, alors qu’il restait trois secondes à jouer à un match contre les Flyers, Caufield a fait rugir la foule plus qu’à aucun autre moment de la saison en créant l’égalité 4-4 à l’aide d’un but caractéristique, avec l’aide de Nick Suzuki. Bien sûr.
«Tu ne peux pas vraiment trouver un meilleur sentiment qu’un but égalisateur à la toute fin du match, avait réagi Caufield. J’étais heureux de mon tir, mais c’était toute une passe de “Suzy”. Il est resté patient même si les secondes s’écoulaient.»
À l’évidence, Caufield a un flair particulier pour ces moments dramatiques. Le CH a fini par l’emporter dans ce qui a été l’une des meilleures soirées de la saison dans l’amphithéâtre montréalais:
Les bonis :
Qui n’a pas souri en voyant le tout premier choix du dernier repêchage, Juraj Slafkovsky, briser la glace dans la LNH?
Qui n’a pas souri en voyant Anthony Richard, dont le parcours est à plusieurs égards l’inverse de celui de Slafkovsky, inscrire un premier but de toute beauté dans la LNH?
Qui n’a pas souri lorsque le vaillant Michael Pezzetta, qui connaît une saison compliquée, s’est transformé en Cole Caufield pendant quelques secondes vendredi soir?
Le Montréalais Mike Matheson a attendu plus longtemps que prévu pour revêtir les couleurs de l’équipe de son enfance. Mais quand il a pu le faire, il en a profité :
Malgré la défaite, les Canadiens ont livré une bataille enlevante et rocambolesque aux Canucks, le 5 décembre dernier :