Depuis quelques années, complimenter publiquement le jeu de Jonathan Drouin représente un exercice périlleux.
À son arrivée avec le CH en 2017, le Québécois était âgé de 22 ans et venait de réaliser une saison de 53 points en 73 matchs avec le Lightning de Tampa Bay. Rajoutons à cela le fait que les gens avaient encore en mémoire son phénoménal passage dans la LHJMQ où il avait récolté le «modeste» total de 242 points en… 128 affrontements avec les Mooseheads d’Halifax.
Brassez un peu cette marmite d’éléments et il est très facile de comprendre/se rappeler à quel point les attentes étaient jadis extrêmement élevées vis-à-vis le jeu de Drouin.
La première campagne montréalaise du natif de Ste-Agathe fut respectable : 46 points en 77 matchs, rendement lui conférant le troisième rang des pointeurs du Tricolore.
L’attaquant a même fait mieux la saison suivante en mettant 53 points au tableau (en 81 matchs).
Mais tout a basculé en novembre 2019, quand Drouin, qui connaissait à nouveau un excellent départ, a été frappé très violemment par Alex Ovechkin.
Sur le carreau pendant plusieurs semaines, le patineur est revenu au jeu en fin de saison et lors séries dans la bulle (où il a d’ailleurs bien paru), mais entre ce moment et l’actuelle campagne, les blessures et problèmes diverses se sont enchaînés pour le no 27.
Depuis ce fameux soir de novembre 2019, Drouin n’a participé qu’à 122 parties sur une possibilité de 279. Et lors des rares matchs auxquels il a pris part pendant cette période, il a plus souvent qu’autrement été très effacé sur la surface glacée.
Pendant ce temps, le défenseur Mikhail Sergachev, que les Canadiens avaient cédé il y a presque six ans pour obtenir Jonathan, a connu une délicieuse progression, lui qui compte d’ailleurs 27 points en 30 matchs avec le Lightning cette saison.
Voilà pourquoi on vous disait d’entrée de jeu qu’il faut être courageux pour souligner les bons coups de Jonathan Drouin, surtout depuis deux ou trois ans. Plusieurs avouent ouvertement ne plus avoir la patience de se ranger derrière le jeune homme de 27 ans «après de si nombreuses déceptions et rendez-vous manqués».
«Il joue son meilleur hockey avec les Canadiens»
Chaque personne sur cette vaste planète a droit à son opinion, après tout. Mais ce serait de l’aveuglement volontaire que de ne pas reconnaître les récentes performances de Drouin comment étant solides à souhait. Depuis son retour de blessure le 14 décembre dernier, le gaucher a été placé au centre et figure, pour la première fois depuis très longtemps, parmi les meilleurs attaquants du CH.
«Jonathan joue son meilleur hockey avec les Canadiens de Montréal, a carrément lancé le journaliste Marc-André Perreault lors d’une discussion avec Xavier Julien, du balado La Dose. Il est réellement impliqué, il est solide au cercle des mises en jeu et joue avec beaucoup de vitesse. En fait, je pense que sa grande implication explique tout. Il doit être actif dans le jeu, il doit bouger. Pour lui, c’est ça la clé.»
Et Perreault ne s’est pas arrêté là.
«Contre l’Arizona, il a invité Gostisbehere à jeter les gants. On n’aurait pas vu ça de Jo, avant. Depuis quelques matchs, on le voit aussi appliquer de bonnes mises en échec et couper au filet. Honnêtement, qu’il ne change rien. Martin adore son travail. On ne sait jamais. Si Jonathan Drouin finit par débloquer, ce ne serait pas mauvais du tout.»
En 17 matchs cette saison, Jonathan Drouin compte cinq mentions d’aide.